Découvrir et apprendre la cuisine japonais grâce à un roman, c’est ce que je te propose avec Les délices de Tôkyô, la recette simple d’un succès international.
Imagine-toi apprendre la cuisine japonaise à travers un roman. C’est l’expérience que je te convie à vivre avec « An » あん, ou « Les délices de Tôkyô », un chef-d’œuvre signé Durian Sukegawa.
Il m’avait semblé que cela faisait une éternité que je n’avais pas savouré une fiction. J’ai dévoré ce livre, et il m’a fallu une seule journée pour tourner la dernière page. Bon, j’étais en vacances, je l’admets, mais je suis convaincue que ce livre n’aurait pas passé plus d’une semaine sur ma table de nuit même en temps normal.
La recette de ce conte est irrésistible : un zeste de Japon, une pincée de pâtisserie japonaise et un soupçon d’émotion intense. Mais attends-toi à plus encore. Sukegawa tisse habilement des techniques de pâtisserie, des enjeux sociétaux et culturels, et esquisse des personnages touchants invitant à l’introspection. Pour t’immerger dans cette histoire envoûtante, deux choix s’offrent à toi : le livre ou son adaptation cinématographique. Et si l’envie te prend et que la patience est l’une de tes vertus, pourquoi ne pas te lancer dans la confection de Dorayaki, la délicieuse spécialité mise en lumière dans l’œuvre ? Sinon, je t’invite, à travers cet article, à un voyage au cœur de l’histoire pour en démêler les fils et, je l’espère, te donner l’envie de te plonger dans le livre ou de découvrir le film
J’espère que cet article répondra à tes interrogations et si cela te plait, n’hésites pas à me laisser un commentaire à la fin!
Plongée dans le livre
« An », ou « Les délices de Tôkyô » en français, est un roman signé Durian Sukegawa, paru en France en 2017 aux éditions Le Livre de Poche. Affiché au prix de 7,90 €, il s’étend sur 224 pages et se pare d’une couverture distincte, illustrée par une jeune collégienne dégustant un dorayaki devant une échoppe, le tout esquissé avec la douceur des crayons de couleur.
Il était une fois… de la pâte de « An »
Sentarô, la quarantaine, gère le Doraharu, un kiosque à dorayaki niché dans une rue de Tôkyô où les cerisiers en fleur dansent au gré du vent. Chaque jour, il sert quelques passants et supporte, non sans réticence, la présence de collégiennes insouciantes. Contraint de travailler dans ce kiosque pour rembourser une dette, Sentarô n’éprouve aucune passion pour son métier et termine ses journées noyées dans l’alcool et la fumée d’un bar local.
L’arrivée de Tokue, une dame âgée de 76 ans, bouleverse son quotidien monotone. Elle sollicite un emploi au kiosque, une proposition que Sentarô repousse, convaincu que la restauration est une tâche trop ardue pour elle. Cependant, la persévérance de Tokue et la saveur incomparable de sa pâte de « an » maison le font fléchir.
Tokue, sous ses dehors rugueux, révèle une âme douce et bienveillante. Envoûtée par les cerisiers en fleurs, elle insuffle une saveur nouvelle non seulement à la vie de Sentarô, mais aussi à celle des clients, y compris Wakana, une adolescente égarée. Cependant, Tokue dissimule un secret lourd et sombre, qui un jour, la contraint à s’évanouir dans l’ombre.
Durian Sukegawa, l’auteur
Durian Sukegawa ドリアン助川, natif de Tôkyô en 1962, a une formation en philosophie et est également diplômé de l’École de Pâtisserie du Japon. Ces influences transparaissent dans ses écrits. C’est aussi un artiste multidisciplinaire : poète, écrivain et clown. Il a animé une troupe de poètes punks et une émission de radio nationale. Il est l’auteur de deux autres ouvrages : « Pinza no Shima » ピンザの島 , traduit par « Le rêve de Ryôsuke », et « Karasu no Jonson » カラスのジョンソン, soit « L’enfant et l’oiseau » en français.
« Les délices de Tôkyô » dans ton écran
L’œuvre « An » a été adaptée au cinéma sous le même titre, et est connue en France sous le nom de « Les délices de Tôkyô ». Sorti en 2015 au Japon et l’année suivante en France, il est maintenant accessible sur plusieurs plateformes de VOD. Réalisé par Naomi Kawase, ce film de 1h53 met en vedette Kirin Kiki dans le rôle de Tokue, Masatoshi Nagase incarnant Sentarô, et Kyara Uchida – la petite-fille de Kirin Kiki – jouant Wakana.
La version cinéma vs Le livre
Ayant d’abord découvert le livre, je recommande vivement de s’y plonger. L’histoire y est plus élaborée et les événements y sont dépeints avec une clarté supérieure.
Néanmoins, pour ceux moins enclins à la lecture, le film demeure une adaptation de qualité. Sur le plan technique, la visualisation qu’offre le film s’avère utile, surtout pour ceux moins familiers avec la cuisine japonaise. Les étapes de préparation de la pâte d’Anko, potentiellement floues dans le livre pour les non-initiés, gagnent en clarté à l’écran.
Cela dit, le livre brille par la précision de ses conseils, un atout probablement attribuable à la mise en scène de la réalisatrice, qui, pendant les scènes d’apprentissage de Tokue à Sentarô, se concentre plus sur l’atmosphère et l’état d’esprit que sur les détails techniques. Ce choix sert aussi à préserver le mystère entourant le personnage de Tokue.
Naturellement, le rendu visuel mélancolique et la bande-son poignante renforcent l’impact des scènes émotionnelles. Une scène m’a particulièrement touché : celle où Tokue, quittant la boutique prématurément parce que la clientèle se fait rare, redescend tristement la rue, seule.
La gastronomie japonaise
Quel plaisir de découvrir les secrets de la cuisine japonaise à travers la littérature ! Le récit regorge de détails et d’informations qui nous immergent dans un univers culturel et sociétal riche et complexe. Pour t’aider à saisir toutes les subtilités du roman, je t’offre quelques éclairages.
(Attention, à partir de là, il pourrait y avoir des spoils !)
Le dorayaki, la star de l’oeuvre
Sentarô, dans sa boutique, confectionne des Dorayaki, de délicieuses pâtisseries qui se composent de deux pancakes moelleux, rappelant la texture du Castella portugais, garnis de « an » ou « anko », une pâte sucrée de haricots azuki.
Il y a divers types de pâte d’anko, et celle employée dans la recette du Dorayaki est le tsubuan, qui allie la douceur crémeuse de la pâte à la texture des haricots entiers confits dans le sucre.
Le Dorayaki n’est pas seulement au cœur du roman et du film, il est un lien qui unit les personnages et apporte réconfort. Ce gâteau symbolise également un travail acharné et l’importance de la connexion avec la nature et le monde qui nous entoure.
Découvrir la culture grâce aux livres
Au-delà de la gastronomie, l’auteur soulève le voile sur un chapitre sombre de l’histoire japonaise : l’isolement forcé des personnes atteintes de la lèpre et les traitements inhumains qui leur étaient réservés.
Ce n’est qu’en 1996 que le Japon a aboli les lois prescrivant l’isolement obligatoire des malades de la lèpre, même guéris. Beaucoup ont passé toute leur existence dans des sanatoriums, une réalité qui a enraciné l’exclusion sociale dans le comportement de la population japonaise.
La recette de l’auteur
Tokue nous enseigne l’art de cuisiner avec amour et dévouement. Elle devient la guide spirituelle de Sentarô, un homme égaré, et lui redonne goût à la vie à travers la préparation de la pâte de haricot, un mets emblématique au Japon.
Entre eux se noue une relation filiale, réconfortante pour Sentarô, privé de sa mère, et pour Tokue, qui n’a jamais eu d’enfant. Et il est impossible de ne pas être charmé par Tokue, dont la recette séduit tous ceux qui y goûtent !
Bien ancrés dans le présent, les personnages évoquent pourtant une époque révolue, empreints d’une nostalgie contemplative. L’intrigue se déroule lentement, un rappel poignant que la qualité requiert temps et efforts et qu’il est vain de chercher des raccourcis.
Solitaires et marginalisés, les protagonistes se heurtent à une société impersonnelle et individualiste. Tokue, avec son écoute sensible de la nature et son attention particulière portée aux haricots, se distingue et rayonne, malgré les privations qu’elle a endurées. Ce contraste nous pousse à l’introspection, mettant en lumière nos désirs parfois frivoles.
Le dénouement m’a profondément marqué. La révélation que la clé de leur énigme était à portée de main, invisible à leurs yeux consumés par leurs propres tourments, est poignante. Le roman foisonne de contrastes : un gérant qui aime le salé mais vend des pâtisseries sucrées ; un pétale de cerisier, autrefois source de préjudice, qui devient source de salut ; une boutique transformée en un établissement d’okonomiyaki qui ne répond plus aux attentes de Sentarô…
L’œuvre de Durian Sukegawa nous emporte au cœur de Tôkyô, nous plongeant dans sa culture riche et sa cuisine exquise. Elle résonnera profondément chez ceux qui recherchent une histoire émotionnellement riche et bien articulée, les amateurs de la culture et de l’histoire japonaise, ou les gourmands intrigués par la cuisine nippone. Sukegawa semble avoir tout compris avec Les délices de Tôkyô, la recette simple d’un succès international.
Les personnages, profondément attachants, pourraient bien vous arracher une larme, surtout dans l’adaptation cinématographique. Le dénouement, à la fois subtil et surprenant, révèle l’héritage précieux de Tokue à Sentarô, une prise de conscience qui nous étreint au même titre que le protagoniste.
N’hésites pas à me partager tes impressions en commentaire ou tout autre livre dans la même veine, peut être bien que les romans auront à nouveau leur place sur ma table de nuit.
Si tu te demandes ce que j’ai pour habitude de lire, voici un extrait des 3 livres inspirants qui m’ont beaucoup impacté.
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